On ne peut que les comprendre tant ils ont été trompés. Ce n’est que successions d’abandon, alors même que ce site fabrique l’un des meilleurs aciers du monde utilisé notamment par l’industrie automobile.
Ils en veulent terriblement à la société Mittal qui refuse de rouvrir les hauts fourneaux, préférant, pour affronter la concurrence des sites « low-cost », concentrer la production à Dunkerque et Fos-sur-Mer qui produisent un peu moins cher car situés sur la façade maritime.
François Hollande était passé quelques heures avant moi. Il ne manque pas de culot car c’est bien lui avec les socialistes français, l’UMP et le MODEM, qui a approuvé tous les traités européens qui expliquent la suppression des barrières douanières et la mise en œuvre d’un libre échange totalement déloyal ruinant notre industrie.
On comprend dès lors que les ouvriers soient désabusés car ils sentent bien que les discours de Hollande, Sarkozy ou Bayrou sonnent terriblement faux.
Comment en effet accepter le jour le recours des pompiers qui, la nuit sont pyromanes ?
Si l’on veut maintenir une industrie sidérurgique en Europe, il faudra bien mettre des droits de douane sur l’acier importé. A cette condition seulement, notre pays pourra renouer avec l’emploi et retrouver une dynamique positive.
Après une vraie discussion autour d’un brasero, les ouvriers ont bien sûr admis que ma proposition était la seule cohérente. Une fois de plus, les délégués syndicaux étaient sur la réserve. Ma proposition les met très mal à l’aise. Comme lors de la visite de la raffinerie de Petroplus à Petit-Couronne avec le syndicaliste CGT qui passait son temps à répéter « le protectionnisme ce n’est pas bien ».
Certains syndicalistes français sont soit manipulés, soit manipulateurs eux-mêmes, prisonniers du dogme européiste, de leur internationalisme de bazar, sans parler même de leur gestion financière. En vérité, l’élite syndicale est tout aussi dépassée par les évènements que l’élite patronale. Combien faudra-t-il d’usines délocalisées et de millions d’emplois perdus pour que les dirigeants syndicaux et patronaux sortent d’une naïveté qui s’apparente à du suicide.
Plus que jamais ce débat sur le protectionnisme sera l’enjeu de 2012.
Et qu’on ne me dise pas qu’un protectionnisme intelligent n’est pas possible. Tous les pays du monde qui réussissent ont su se protéger sans pour autant bien sûr se replier sur eux-mêmes. En France même, l’exemple du secteur cinématographique en est la preuve. Voilà un domaine ultra protégé qui a su conserver une part importante du marché intérieur tout en exportant beaucoup. Au moment où les césars du cinéma sont délivrés, reconnaissons qu’être protectionniste ce n’est pas se replier sur soi, mais tout au contraire, pour gagner le match, mêler comme au football une défense intelligente et une attaque audacieuse.
NDA